Grouper les vêlages pour simplifier le t Grouper les vêlages pour simplifier le travail
Les éleveurs qui cherchent à grouper les vêlages sont d'abord motivés par le souci d'améliorer l'organisation du travail. Elle s'en trouve profondément modifiée du fait d'une répartition différente des tâches sur l'année. La conduite des animaux en lots permet une rationalisation du travail qui doit engendrer une meilleure productivité. Les saisons de vêlage ou d'insémination sont stressantes mais l'éleveur dispose de plus de temps libre quand toutes les vaches sont en fin de lactation ou taries. Rares sont ceux qui parviennent à fermer temporairement la salle de traite. En revanche, beaucoup évoluent vers la monotraite sur quelques mois. La maîtrise de la reproduction et le respect d'un cal
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- Résultats économiques des vêlages d'automne et d'hiver - Expérimentation des lactations de dix-huit mois - Témoignage de Lucien Déniel, éleveur à Plouvien, dans le nord du Finistère - Comment améliorer la reproduction? - Les deux tiers des vaches sont pleines en trois mois - Interview de Marc Bolard , directeur de la production à l'Urceo - Une spécialisation des tâches selon les périodes - Fermer la salle de traite ou passer en monotraite? - Témoignage de Louis-Pierre Chauvin , dans le nord de l'Ille-et-Vilaine - Etablir un planning à partir de la date souhaitée des vêlages - S'organiser pour éviter les mauvaises surprises - Choisir la saison de vêlage |
Une conduite en lot qui rend plus efficace
Le vêlage groupé implique d'abandonner le suivi individuel des animaux. La spécialisation induite permet une meilleure productivité.
La station expérimentale de Trévarez (Finistère) vient de terminer un travail sur le vêlage groupé. Durant trois ans, les chambres d'agriculture de Bretagne ont fait vêler quatre-vingts vaches prim'holsteins au total à l'automne et autant en fin d'hiver. L'objectif était d'évaluer les implications techniques et économiques de ce type de stratégie. Il s'agissait aussi de comparer entre elles ces deux périodes de vêlages et d'identifier les conditions de réussite. Parallèlement, les chambres ont constitué un réseau d'élevages pratiquant le vêlage groupé dans le but de valider leurs conclusions.
Ce n'est pas une surprise, le passage en vêlages groupés provoque une hausse du taux de réforme pendant les deux premières années (39 et 42 % à Trévarez). L'infécondité en est la première cause. Auparavant, le troupeau était sélectionné sur la production, les mamelles et les membres. Et le passage en vêlages groupés a été fait sur un an, ce qui est très rapide. En troisième année, le taux de réforme est descendu à 32 %. Il a été décidé de poursuivre le groupage des vêlages dans les prochaines années, notamment pour voir si le taux de réforme se stabilise. En ce qui concerne la production, on observe des courbes de lactation plus plates en vêlages d'automne. L'état corporel des vaches est identique dans les deux lots étudiés. Globalement, les performances techniques ne sont pas profondément modifiées.
Des rations adaptées à chaque stade
«Le changement le plus marquant provient de la nécessité de conduire les animaux en lots», explique Benoît Portier, ingénieur au pôle herbivore des chambres d'agriculture de Bretagne. Le vêlage groupé conduit à une répartition différente des tâches sur l'année. Cela commence par la saison des mises bas, qu'il faut parvenir à concentrer sur trois à quatre mois. Les animaux décalés seront éliminés en priorité, quelles que soient leurs qualités par ailleurs. La conduite en lots permet de rationaliser le travail, et donc d'en améliorer la productivité. L'éleveur n'a pas d'autre choix que de trouver des solutions pour s'organiser au mieux durant les périodes de pointe. On réfléchit davantage au mode de distribution du lait si on a vingt veaux en même temps plutôt que quelques-uns tout au long de l'année. Il en est de même en termes de rationnement. Avec des vaches qui se trouvent toutes au même stade de lactation, la complémentation individuelle ne se justifie plus. En revanche, la ration doit être calculée en fonction des besoins du moment. Dans les Pays de la Loire, beaucoup d'éleveurs sont passés en ration complète avec le vêlage groupé. Les génisses et les vaches taries, souvent un peu négligées, tireront profit de la conduite en lots. L'éleveur pourra plus facilement les conduire à part avec un régime adapté. Il sera donc plus facile de prévoir une conduite d'élevage des génisses centrée sur un vêlage à deux ans. Ceci permet de n'avoir que deux lots d'élèves en même temps. Des travaux conduits par ailleurs ont démontré que le vêlage à deux ans est accessible en race prim'holstein, et que cette option est économiquement plus rentable. On peut souligner aussi que la conduite en lots est particulièrement adaptée aux grands troupeaux.
Mais tout ceci ne doit pas faire oublier les objectifs prioritaires que sont le respect du quota et le renouvellement du troupeau. Il faudra toujours préférer produire la totalité de sa référence. Eventuellement, les lactations des vaches à réformer pourront être prolongées. Mais si nécessaire, il vaut mieux repousser l'objectif des vêlages groupés de un an. En ce qui concerne le renouvellement, ce sont évidemment les premières génisses nées qui seront conservées en priorité. Mais là aussi, si le nombre est insuffisant, il vaut mieux retarder le groupage d'un an et disposer de suffisamment d'animaux pour la suite.
Bilan économique neutre
L'évaluation du bilan économique des vêlages groupés n'a pas été réalisée. On peut cependant avancer quelques éléments d'analyse. On observe un produit total plus élevé en vêlage d'hiver, qui s'explique par les prix de vente des animaux. Les veaux et les réformes sont mieux valorisés. Les charges sont équivalentes dans les deux lots. Mais en vêlage d'automne, les besoins en surface fourragère sont un peu plus faibles. En effet, le TB est plus élevé, ce qui autorise un moindre volume de lait produit et donc une légère baisse d'effectif. Le produit des cultures de vente augmente donc. Et au final, la marge est identique. Mais en fonction de la période choisie, il ne faut pas négliger l'impact sur les taux et donc sur le prix du lait. Par rapport à une conduite en vêlages étalés, on peut supposer que l'écart serait minime sur le plan économique. Le taux de réforme peut avoir un impact défavorable au début. Mais l'amélioration de la productivité du travail doit jouer en faveur du vêlage groupé. «L'effet individu doit beaucoup peser sur les gains économiques permis par une meilleure productivité du travail», estime Benoît Portier.
Expérimentation des lactations de dix-huit moisLes chambres d'agriculture de Bretagne lancent un nouvel essai à Trévarez, dans la foulée de celui qui vient de se terminer. Il s'agit de travailler sur des lactations prolongées sur dixhuit mois et de grouper les vêlages sur deux périodes différentes. En effet, le vêlage groupé sur trois ou quatre mois suppose de produire un veau par vache et par an. Pour les troupeaux de VHP, cela conduit à tarir des vaches à plus de 25 kg de lait. Il peut être plus intéressant de diviser le troupeau en deux lots vêlant à des périodes différentes. En outre, cette option permet une répartition des livraisons mieux adaptée aux besoins des laiteries. Dans ce cas, les lactations peuvent durer dix-huit mois. Les vaches décalées pourront passer d'un lot à l'autre, ce qui permet une meilleure maîtrise du taux de réforme. |
Témoignage: LUCIEN DÉNIEL, éleveur à Plouvien, dans le nord du Finistère (1) «Il faut être très vigilant sur l'élevage des génisses»Monotraite, vêlages d'automne: Lucien Déniel exploite un système exigeant sur le plan technique, mais qui lui convient en termes de travail. Lucien Déniel a réfléchi au vêlage groupé dès son installation en 2002. La conduite en bandes des génisses le tentait pour simplifier le travail. Il cherchait une organisation du travail de l'élevage lui permettant de s'occuper des cultures au printemps et d'avoir du temps libre en été. Il a suivi une formation proposée par la chambre d'agriculture du Finistère avant de se lancer. Finalement, comme d'autres éleveurs de la région ayant les mêmes aspirations, il a adopté chez lui la conduite d'élevage testée à Trévarez. «J'investis beaucoup sur cette période»Lucien a choisi de regrouper les vêlages sur l'automne progressivement, pour limiter les réformes et assurer le renouvellement. Il insiste sur la nécessité de fixer des dates pour les IA et de les respecter. Actuellement, il commence le 1er décembre et arrête fin avril. Il espère parvenir à un groupage sur trois mois. «Il faut être très rigoureux sur l'élevage des génisses», précise Lucien, qui pratique le vêlage à deux ans. Un peu débordé la première année quand les naissances se sont multipliées, il a réfléchi à son organisation. Il a acheté une citerne en plastique montée sur une palette qu'il transporte avec la fourche du tracteur. Car la nurserie ne se trouve pas tout près de la salle de traite. Les fraîches vêlées sont traites en dernier et la canne à lait est déviée vers cette cuve. Depuis que Lucien nourrit les veaux au lait yoghourt, il n'a plus de problèmes avec les diarrhées. Les croissances sont bonnes. La buvée est distribuée à l'aide d'une pompe dont le débit est connu. C'est donc le chrono à la main que l'éleveur mesure les quantités. Jusqu'à six mois, les jeunes sont élevées au concentré et au foin. «J'investis beaucoup sur cette période. Les génisses doivent pouvoir vêler à deux ans pour conserver le groupage.» Comme prévu, Lucien peut élever les génisses en bandes. Il en est très satisfait, aussi bien sur le plan du travail que des croissances. L'éleveur a aussi revu l'alimentation des vaches taries. Il s'est aperçu de l'importance des minéraux à ce stade. Plus généralement, il estime que c'est l'ensemble des techniques d'élevage qui doivent être optimisées pour rester dans les objectifs. Le vêlage d'automne permet de produire du lait peu coûteux à partir du printemps. Le troupeau dispose alors de 40 ares d'herbe pâturée par vache. Cette surface passe à 60 ares en été, ce qui est suffisant alors que beaucoup sont taries. Si nécessaire, l'éleveur apporte en plus de l'enrubanné. A partir de la mi-mai, les vaches ne sont traites qu'une fois par jour. Lucien commence donc à avoir le temps libre qu'il recherchait. Ce rythme lui plaît, malgré l'importance de la charge de travail en automne. Il n'envisage pas d'aller jusqu'à fermer la salle de traite. En revanche, il pense avoir recours à la monotraite de façon ponctuelle pendant l'ensilage. Les choix génétiques sont également calés sur cette nouvelle stratégie. Lucien regarde les index fonctionnels en priorité. La fertilité bien sûr, mais aussi la longévité et les cellules. Cette sélection portera ses fruits à terme. _____ (1) Exploitation individuelle, 82 ha de SAU, 45 prim'holsteins, 284.000 litres de quota, 380 places d'engraissement. |
Un impératif: maîtriser la reproduction
Rester en vêlages groupés exige un très bon repérage des vaches en chaleur et le respect d'un calendrier strict pour les inséminations.
Les travaux de Trévarez montrent que le passage en vêlages groupés n'a pas d'impact majeur sur la santé du troupeau. Plusieurs points positifs peuvent même être soulignés. Ainsi, la conduite en lots permet de vider les locaux durant plusieurs mois. Il est donc aisé de réaliser un vide sanitaire, notamment dans la nurserie. En vêlage d'automne, la majorité des mises bas se produit à l'extérieur, dans un environnement plus sain qu'en bâtiment. Mais en fonction de la saison de vêlages, on peut se trouver dans une situation moins favorable. Par ailleurs, la conduite en lots induit aussi une concentration des problèmes sanitaires dans le temps. Cela peut devenir problématique si un passage de grippe, par exemple, survient au moment de la mise à la reproduction. Car dans ce cas, c'est l'ensemble du troupeau qui sera décalé. Par ailleurs, en fonction du niveau de production du troupeau, on peut être amené à tarir des vaches à plus de 25 kg de lait. Cela s'est peu produit avec les laitières à 7.000 kg de la ferme expérimentale de Trévarez. Ceux qui rencontrent cette situation devront surveiller l'état des mamelles dans les jours suivant le tarissement.
Noter toutes les chaleurs
La reproduction devient un élément essentiel de la conduite en vêlages groupés. La race du troupeau joue puisque, si la fertilité des prim'holsteins est souvent dégradée, la normande ou la montbéliarde, par exemple, se reproduisent plus aisément. L'éleveur doit d'abord définir la période de vêlage souhaitée et caler ainsi la saison des inséminations. Il faut être rigoureux sur le respect de ce calendrier. Pour tenir l'objectif, il est impératif que toutes les vaches fassent un veau par an. Le suivi des élevages montre que cela est possible, mais exigeant. Et quoi qu'il arrive, il ne faut pas perdre de vue les objectifs prioritaires que sont la production du quota et le maintien du renouvellement du troupeau. Le repérage des chaleurs doit commencer tout de suite après le vêlage. On saura ainsi à quel moment surveiller chacune. Quand la période des IA démarre, l'éleveur doit se rendre disponible pour observer le troupeau plusieurs fois par jour. Tout doit être noté. Mais là encore, la concentration de cette tâche sur une courte durée fait que l'efficacité de la surveillance est améliorée. «La conduite en lots permet aussi une meilleure expression des chaleurs, précisent les éleveurs du réseau. Les vaches discrètes se manifestent davantage quand d'autres de leurs congénères se retrouvent en chaleurs en même temps.» Malgré tout, certaines vaches risquent de ne pas être repérées. A Trévarez, on préconise une visite du vétérinaire sans trop attendre pour les vaches qui n'ont rien manifesté. Il s'agit d'identifier les causes de l'incident et d'y remédier avant que les laitières ne soient décalées. Quant aux génisses, beaucoup choisissent de les rentrer à l'étable pour les surveiller et les inséminer. D'autres préfèrent miser sur la synchronisation des chaleurs afin de grouper les IA et de faciliter l'organisation du travail. Les vaches vêlant en début de période sont inséminées à quatre-vingt-dix jours. Celles qui vêlent plus tard peuvent l'être dès cinquante jours.
S'assurer que les vaches sont pleines
La confirmation des gestations prend tout son intérêt en vêlages groupés. Cela permet d'être tranquille pour la suite. A Trévarez, comme dans la plupart des élevages du réseau, des échographies sont réalisées. La génétique joue un rôle dans l'optimisation des résultats de reproduction. Certes, la sélection sur la fertilité par la voie mâle est un travail de longue haleine, mais c'est un outil à ne pas négliger pour préserver le groupage des vêlages à long terme. Globalement, les éleveurs ont intérêt à chercher des index fonctionnels positifs pour limiter tous les ennuis qui peuvent décaler les vaches.
Dans ce système, les premières génisses nées sont conservées en priorité pour le renouvellement. Quand on arrive en fin de période de vêlage, s'il y a un excédent de femelles, on ne les gardera pas. Cette situation présente plusieurs avantages.
Jouer sur le croisement à partir de la troisième IA
En termes de calendrier, les premières génisses sont mieux placées pour entrer dans le cadre du vêlage groupé deux ans plus tard. En outre, les vaches qui vêlent en premier sont celles qui ont pris veau dès la première IA. Ce sont peut-être les plus fertiles et, en gardant leurs filles, on pratique une certaine sélection par la voie femelle. Les éleveurs du réseau estiment que les résultats de reproduction ont plutôt tendance à s'améliorer avec le temps. Malgré tout, il ne faut pas trop attendre de cette sélection. Nombreux sont les facteurs qui influencent la fécondation. On ne peut donc pas affirmer que le succès de la première IA s'explique d'abord par la génétique de la mère.
Pour les vaches qui vêlent en fin de période ou pour celles qui ne sont pas pleines après la deuxième IA, il faut prévoir de ne pas conserver leurs produits l'année suivante, si les besoins en renouvellement permettent de s'en passer. Pour favoriser la fécondation et donc les maintenir dans le troupeau, on peut miser sur le croisement. On bénéficie ainsi de l'hétérosis et on augmente donc les chances de réussite. Certains éleveurs, et c'est ce qui a été fait à Trévarez, optent pour le croisement industriel afin de mieux valoriser le veau. Mais on peut aussi privilégier la gestion du troupeau laitier. L'absence de problème au vêlage est un élément favorable à la reproduction sur le cycle suivant. Or, les risques sont plus élevés avec des gros veaux. Il faut y penser au moment du choix du taureau. En outre, il faut savoir que la durée de gestation est variable selon les races et leur gabarit. Il peut y avoir quinze jours d'écart entre un jersiais et un charolais. On peut jouer là-dessus pour récupérer les vaches légèrement décalées. A l'Urceo, Jean-Michel Philippot conseille d'utiliser des taureaux blanc bleu belges ou charolais à muscularité précoce. On obtient ainsi un bon compromis entre la fécondité, la maîtrise des risques au vêlage et le produit de la vente du veau. Enfin, la monte naturelle apporte une autre solution pour remplir les vaches qui traînent. Il faut alors disposer de moyens de contention adaptés. Certains éleveurs refusent cette option, pour ne pas avoir à manipuler un taureau.
Enfin, les vaches décalées ne pourront bien évidemment pas être conservées. La fertilité devient un motif de réforme majeur. En fonction des besoins en production, ces vaches pourront éventuellement faire des lactations prolongées. A Trévarez, on observe que ce sont les plus productives qui ont été réformées pour infécondité. Les réformes de vaches décalées pourront être nombreuses en période de transition. On peut les limiter en opérant un groupage progressif. Certains démarrent sur cinq ou six mois, pour parvenir à terme à une concentration sur trois ou quatre mois. Avec le temps, grâce à la sélection et à la rigueur de suivi de l'éleveur, les départs pour infécondité seront moins fréquents et le taux de réforme peut redevenir normal. Dans tous les cas, l'état des vaches doit être bien suivi pour favoriser la reproduction. Il ne faut pas négliger les taries et la conduite en lots le rend plus facile. Tout ce qui concourt à des vêlages sans problème constitue un atout pour la reproduction.
Interview: MARC BOLARD, directeur de la production à l'Urceo «Choisir des mâles positifs en fertilité»La sélection sur la fertilité par la voie mâle est efficace en utilisant des taureaux confirmés. Peut-on réellement améliorer la fertilité d'un troupeau par la génétique? Les taureaux disposent d'un index fertilité qu'il serait dommage de ne pas valoriser. On sait que l'héritabilité est faible et que la sélection sur ce caractère est longue. Mais le pouvoir de sélection existe. Les filles de Merdrignac, numéro un de la fertilité en France avec un index de 3,3, sont à dix points au-dessus de la moyenne sur le taux de réussite en première IA. Les éleveurs qui l'ont utilisé bénéficient donc d'un acquis qui restera dans leur troupeau. Quel est le niveau de fiabilité de l'index fertilité?Les index fertilité des jeunes taureaux sont susceptibles de varier par la suite. En revanche, quand les filles de service sont prises en compte, le niveau de fiabilité de l'index fertilité est bon. Les taureaux indexés à un ou plus sur ce critère sont significativement meilleurs. Dans l'avenir, l'index fertilité va encore s'améliorer. L'Inra et Interbull y travaillent actuellement afin de prendre en compte des informations supplémentaires dans le souci d'améliorer la précision. Au taux de réussite en première IA, devraient s'ajouter des critères comme l'intervalle entre IA et vêlage. N'est-il pas risqué de faire de la fertilité un critère de sélection prioritaire?La sélection sur la fertilité ne doit pas amener à faire des concessions trop importantes sur le reste. Tout dépend aussi du niveau de départ de la femelle à accoupler. Si la fertilité est très dégradée, on a intérêt à travailler sur plusieurs générations. Sinon, on peut utiliser en alternance des taureaux très positifs et d'autres plus neutres sur ce poste. Actuellement, les cinq meilleurs taureaux confirmés en France sont positifs en fertilité (Jocko, Melkior, Merdrignac, Negundo et Nuevo). Ceux qui les utilisent ne prennent aucun risque. De plus, nous proposons actuellement à l'Urceo une gamme de mâles mis en avant pour la supériorité de la fertilité de leur semence. |
Un stress à gérer pour profiter ensuite du temps libre
Améliorer l'organisation du travail constitue la première motivation des éleveurs qui optent pour le vêlage groupé.
Le temps de travail n'est a priori pas modifié par le choix du vêlage groupé. C'est la répartition qui change. Globalement, l'essentiel des tâches est concentré sur une période de cinq mois. L'appréciation de ce nouveau rythme est propre à chacun. A Trévarez, l'expérience a été diversement vécue par les salariés. Avec les vêlages, commence une période très exigeante. A Trévarez, 60% des mises bas ont lieu durant le premier mois. Et ce sont les plus difficiles, jumeaux et prématurés, qui donnent le coup d'envoi.
Trouver des astuces pour simplifier le travail
Quand on sait que plusieurs vêlages sont attendus dans la même journée, la surveillance des animaux doit être très bien organisée. D'autant plus qu'en vêlage d'automne, les ensilages de maïs seront à faire durant cette même période. La délégation de certaines tâches et la vidéosurveillance constituent quelques pistes pour passer ce cap délicat.
Dès que les vêlages commencent, les soins aux veaux deviennent une tâche essentielle. A la ferme de Trévarez, l'alimentation des quarante veaux prend dix minutes. Pour y parvenir, les fraîches vêlées sont traites en dernier. La canne à lait est alors dirigée vers une cuve de pulvérisateur récupérée, installée près de la laiterie. Elle est transportée avec la fourche du tracteur. Les veaux sont alimentés au lait yoghourt, dans un abreuvoir collectif rempli au pistolet. Avec ce système, la buvée est distribuée à température ambiante. Les diarrhées sont rares. Le gain de temps est double puisqu'il concerne aussi bien la distribution que les soins proprement dits. Mais il faut réfléchir à l'organisation des travaux annexes, l'identification ou l'écornage des veaux, par exemple.
Il faut enfin savoir que le temps consacré à la traite, quand de nombreuses vaches démarrent leur lactation, risque d'être important. Car c'est à ce stade que les mammites seront les plus fréquentes. Et d'autres problèmes sanitaires peuvent survenir. C'est en effet après le vêlage que les vaches y sont le plus sensibles.
Pour favoriser des lactations sans problème et préparer la mise à la reproduction, la ration alimentaire sera élaborée avec soin afin de bien couvrir les besoins. La période des IA est cruciale pour la pérennité du groupage. Durant trois mois, l'éleveur devra prendre le temps d'observer les animaux plusieurs fois par jour afin de repérer les chaleurs.
Prendre soin des génisses
Pendant cette période de travail intense, les génisses d'un an ne devront pas être négligées non plus. Car le vêlage à deux ans exige des croissances régulières. Sur le plan du travail comme sur le plan économique, on est gagnant avec deux bandes d'élèves au lieu de trois. Malgré tout, le vêlage a trois ans garde des adeptes. Mais il implique d'être très performant sur le suivi et l'alimentation afin d'éviter un engraissement excessif qui pénaliserait la reproduction et la carrière future.
Une fois que toutes les vaches sont pleines, l'éleveur peut commencer à souffler. Les vaches sont en milieu de lactation, les veaux sevrés. Les problèmes sanitaires deviennent rares. Il reste alors l'astreinte de la traite, bien sûr. Durant ces mois calmes, l'éleveur qui souhaite prendre des vacances pourra partir serein. La relâche dure environ sept mois, au printemps et en été pour ceux qui optent pour le vêlage d'automne. Beaucoup d'éleveurs en profitent pour consacrer davantage de temps à leur famille. A chacun selon ses aspirations. Mais cette période de relâche arrive un peu comme une récompense après cinq mois de travail intensif.
Fermer la salle de traite ou passer en monotraiteLe groupage des vêlages peut permettre de fermer la salle de traite pendant un mois environ. Pour y parvenir, il doit se faire sur deux mois au maximum, ce qui est exigeant. Certaines vaches feront des lactations écourtées. Dans le réseau d'élevages bretons qui pratiquent le vêlage groupé, plusieurs producteurs cherchaient à fermer la salle de traite, mais tous n'y sont pas parvenus. En revanche, ils sont nombreux à opter pour la monotraite. Dans les derniers mois de lactation, cette pratique permet de réduire la charge de travail, sans perdre trop de lait. Quelques éleveurs l'adoptent même ponctuellement, par exemple pour réduire la charge de travail au moment des récoltes. Des travaux, notamment réalisés à Trévarez, ont montré que les vaches s'y habituent très bien. Mais attention, seuls les troupeaux à taux cellulaires bas peuvent le faire sans risque. En vêlage d'automne, cette pratique peut nécessiter la présence de quelques vaches supplémentaires qu'il faudra loger en hiver. |
Témoignage: LOUIS-PIERRE CHAUVIN, dans le nord de l'Ille-et-Vilaine «Je ferme la salle de traite au mois de juillet»Pour avoir du temps libre en été, Louis-Pierre Chauvin conduit ses normandes en vêlages groupés à deux ans. Installé en 1995 dans le nord de l'Ille-et-Vilaine, Louis-Pierre Chauvin pratique le vêlage groupé depuis deux ans afin de fermer la salle de traite durant un mois. «On a beaucoup réfléchi au temps de travail dans le groupe lait dont je fais partie, explique-t-il. Et surtout, j'ai eu des ennuis de santé en 2002. Cela m'a poussé à une certaine remise en cause de mon système.» En deux ans, il a réussi à cadrer les IA sur la bonne période. Désormais, les inséminations débutent le 20 octobre et s'arrêtent le 31 décembre pour les vaches. Les génisses peuvent être inséminées en janvier, en fonction de leur état. «Je respecte ces dates au jour près car on ne peut accepter aucun écart si on veut arrêter de traire», précise l'éleveur. En outre, il constate que les normandes ont tendance à engraisser si elles sont taries longtemps. Dans ce système, la période la plus difficile est celle des vêlages. Ils démarrent début août et, cette année, il en restait une dizaine à la mi-septembre. Mais la saison la plus délicate est celle des inséminations. Louis-Pierre passe alors observer le troupeau trois fois par jour. Il note tout sur son pocket PC, un outil qui lui permet de gagner du temps et de gérer ses observations. Reproduction: ses résultats sont un motif de réforme importantLes résultats de reproduction sont assez moyens et cela constitue un motif de réforme important. Les vaches qui ne sont pas pleines dans les temps finissent leur lactation mais ne restent pas dans le troupeau. Même si les normandes se valorisent bien, cela a un coût. Et le renouvellement n'est pas toujours suffisant. L'éleveur fait le point de ses livraisons prévisionnelles en août. Il achète une ou deux prim'holsteins en lactation si nécessaire. Une pratique qui ne lui semble pas onéreuse. Il connaît les élevages vendeurs et estime qu'il limite ainsi les risques sanitaires. Tout en regroupant les vêlages, Louis-Pierre a augmenté sa surface en herbe. Dix-sept hectares sont accessibles à proximité des bâtiments. A partir d'avril, la ration se compose d'herbe seule. Les pâtures suffisent généralement aux vaches taries. Le silo de maïs est ouvert quand les vêlages démarrent. Les génisses valorisent les parcelles plus éloignées. L'éleveur en a moins depuis qu'il est passé en vêlages à deux ans. Il va élever quelques boeufs qui pourront rester dehors tout l'hiver sur ces prairies. La ration des veaux a été revue avec le souci de simplifier le travail et de favoriser une croissance rapide. La pesée montre que 90 % des génisses atteignent 200 kg à six mois. Cette conduite à l'herbe et l'adoption de la ration complète ont permis une très bonne maîtrise du coût alimentaire qui reste inférieur à 40 €/1 000 l. «Economiquement, je pense que le bilan est équivalent aux vêlages étalés», estime l'éleveur. Mais sur le plan du travail, il s'estime largement gagnant. Ce nouveau rythme lui convient très bien et il pense que sa productivité est meilleure. Il commence à se sentir en vacances en juin. «Les vaches sont alors en fin de lactation et je ne trais qu'une fois par jour.» Puis en juillet, quand la salle de traite est fermée, il peut pleinement profiter de sa famille. _____ (1) Elevage individuel, 52 ha de SAU, 35 normandes, 209.000 litres de quota. |
Un passage qui peut se négocier sur deux ans
Sur le plan technique, le groupage des vêlages implique de respecter un calendrier d'insémination. Mais il faut aussi anticiper les besoins en bâtiment ou en fourrages et gérer la trésorerie.
Opter pour le vêlage groupé suppose d'être prêt dans sa tête à faire face à des pointes de travail ponctuellement importantes, entrecoupées de périodes de relâche. A chacun sa motivation, mais bien souvent, c'est la recherche d'une organisation du travail plus rationnelle qui pousse les éleveurs vers le groupage des vêlages. Comme on l'a vu dans les pages précédentes, cette répartition de la charge de travail est prévisible et l'éleveur doit réfléchir à son organisation du travail pour pouvoir y répondre. Certains équipements, les Dal par exemple, peuvent permettre de réduire la charge de travail. Ensuite, il faut choisir la période de vêlage souhaitée (voir encadré). Chacune a ses propres conséquences qu'il conviendra de prévoir. La dimension des bâtiments doit permettre d'accueillir tous les veaux. Si l'élevage démarre en cases individuelles, elles doivent être en nombre suffisant. Mais très vite, on pourra élever les veaux dans des cases collectives. Si on envisage d'inséminer les génisses au pâturage, il faut réfléchir à un système de contention. Le système fourrager doit pouvoir couvrir les besoins élevés des laitières quand elles se trouveront toutes en début de lactation. La capacité de stockage de ces fourrages doit elle aussi être suffisante. En début de saison de vêlage, il est utile de constituer un stock de colostrum. La période de travail intense sera d'autant mieux vécue que tout aura été planifié à l'avance.
Préparer d'abord les génisses
Une fois la période choisie, il est techniquement assez simple de passer des vêlages étalés aux vêlages groupés. La préparation du troupeau commence par les génisses. Dans la mesure du possible, on choisira de garder celles qui seront prêtes à vêler au bon moment, dans les années qui précèdent le changement. Par la suite, les éleveurs qui pratiquent les vêlages groupés insistent sur le fait que c'est par la conduite des génisses que l'on parvient à maintenir cette stratégie. Il faut donc les choisir en conséquence et surtout les élever en fonction de cet objectif. Le programme alimentaire devra permettre des croissances rapides si l'on opte pour un vêlage à deux ans.
La première année, on se limite à un groupage sur huit mois. On calcule la date des premières IA en fonction de celle que l'on souhaite pour les premiers vêlages (-280 jours). Et on fixe la durée acceptée de la saison de vêlages. On a donc deux dates butoirs qu'il faut impérativement respecter. Par exemple, on insémine de septembre à mai pour du vêlage d'automne. Les génisses pourront être un peu retardées pour entrer dans le cadre. En deuxième année, on définit le calendrier de la reproduction (voir infographie) pour parvenir à concentrer les mises bas sur quatre mois. Et l'on s'y tient strictement, en n'oubliant pas que les vaches décalées ne peuvent plus rester dans le troupeau. Le taux de réforme va donc augmenter. Avec les génisses, on a déjà un quart ou un tiers du troupeau qui entre dans les objectifs dès la première année. En période de transition, les vaches ayant vêlé un peu tardivement devront être inséminées plus tôt, parfois avant cinquante jours. D'autres pourront être un peu retardées.
Conserver de la souplesse
De cette manière, le passage aux vêlages groupés est réalisable en deux ans. Mais on peut faire preuve de souplesse et choisir d'aller moins vite. Ceci permet une meilleure maîtrise du taux de réformes. Ainsi, certains éleveurs groupent d'abord les vêlages sur six mois. Ils réduisent chaque année la saison des inséminations pour parvenir à trois ou quatre mois, selon leurs objectifs. S'ils visent la fermeture la salle de traite, il ne faut pas aller au-delà de deux mois pour réaliser les inséminations. D'autres choisissent deux saisons de vêlage. Dans ce schéma, les avantages en termes d'organisation du travail ne sont plus tout à fait les mêmes. Mais on aboutit néanmoins à une meilleure rationalisation. La possibilité de faire passer les animaux d'un lot à l'autre réduit la nécessité de réformer les vaches qui ne reproduisent pas assez vite. De même, les génisses trop légères pour être inséminées à quinze mois pourront attendre un peu.
Par la suite, la souplesse doit rester de mise. Car le plus difficile n'est pas d'arriver à grouper les vêlages sur un an. Il faut pouvoir maintenir le cap par la suite. Il suffit d'un souci sanitaire au moment des inséminations pour déclencher une chute de la fertilité. Le troupeau se trouvera donc décalé et il faudra un peu de temps pour revenir à l'objectif, en jouant sur les réformes et la mise à la reproduction des génisses. Ceux qui visent la fermeture de la salle de traite doivent donc se préparer à y renoncer ponctuellement, si ce type de problème survient.
Gérer la trésorerie
Par ailleurs, l'impact du vêlage groupé sur la trésorerie est important. Les éleveurs du réseau breton sont unanimes sur la nécessité de ne pas se laisser surprendre. D'une part, le prix du lait varie selon les saisons et la recette laitière va baisser si la production est centrée sur une période défavorable sur ce point. D'autre part, quand les vaches sont taries ou viennent de vêler, les livraisons de lait sont minimes. En revanche, elles sont élevées au moment où le troupeau se trouve en début de lactation. En outre, les prix des veaux et des réformes subissent eux aussi des variations saisonnières. Il faut donc prévoir les conséquences sur la trésorerie afin de les anticiper. En fonction de la saison de vêlage choisie, cette baisse de trésorerie peut survenir à un moment où les besoins sont plus faibles.
Choisir la saison de vêlageLa période de vêlage influence peu les résultats techniques et économiques. Elle doit être calée en fonction des aspirations de l'éleveur, de la structure de l'exploitation, mais aussi des besoins des laiteries. Selon les régions, l'impact économique d'une hausse des livraisons au moment où les laiteries en ont moins besoin pourra être important. Car elles cherchent à limiter les variations saisonnières de la collecte. Le lait excédentaire est généralement transformé en beurre et en poudre, ce qui limite la rentabilité de la filière. Le vêlage d'automne séduit ceux qui veulent libérer du temps au printemps et en été. Il nécessite un bon potentiel de production de fourrages stockés. Le bâtiment doit convenir à des effectifs élevés de veaux et de vaches en production pendant l'hiver. Faire vêler en fin d'hiver permet de réduire les besoins en bâtiment. On peut réformer les vaches en fin d'automne et prévoir un logement simplifié pour les taries en hiver. Ce système s'adapte bien à une valorisation intense du pâturage au printemps et en été. Il conviendra aussi à ceux qui cherchent à alléger le travail en hiver. Les vêlages en mai-juin, qui permettent de produire davantage de lait d'été, restent peu répandus. |
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